La Faille, c’était d’abord une histoire de partage. Un prétexte pour débattre, créer, rencontrer le monde, des inconnu.e.s, prendre conscience des abysses et capter les lumières.

En 2005, j’ai créé une petite asso qui a traîné ses utopies pendant 6 ans auprès d’enfants, à l’hôpital, sur un squat d’une communauté Rrom, en collège, au Sénégal.

Je me suis fait par la suite engloutir par l’antre tumultueux du travail social. 12 ans de Sisyphe, à dépasser la fiction dans la souffrance ordinaire.

Avant j’écrivais un peu, mais après les indicibles, il m’a fallu passer par la photographie. Alors quand la vague des organisations climat des années 2018-2020 a déferlé, il m’était évident d’en être. Le cliché est devenu plus journalistique, plus militant.

Créer ce collectif, c’était ma façon d’être au monde, détachée de tous les rôles que le quotidien peut nous assigner.

C’est être immobile au milieu de la foule. Itinérante au fil des luttes.
C’est ma façon de dire “ je vous vois, je vous regarde, je vous considère ”.
De défendre ce qui me semble juste, ce qui m’est beau, ce qui me révolte.
C’est une démarche qui m’oblige.
A me tenir informée.
A ne pas me laisser gagner par l’indifférence douce du temps qui passe.
A être attentive.
A continuer à affuter mon regard sur le monde, en dépassant les clichés.