Notre nom est Rémi

Notre nom est Rémi

octobre 2014
·
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Libre
LIBRE

SIVENS

Lisle sur Tarn (81), octobre 2014. Depuis la mi-septembre la zone humide du Testet est défrichée en vue de la construction d’une retenue d’eau sur le Tescou visant à répondre aux problèmes de sécheresse auxquels les agriculteurs et agricultrices de la région font face de plus en plus régulièrement. Depuis son lancement, le projet est très controversé. Destruction de la dernière zone humide du versant, projet coûteux et inadapté, le tout au profit d’un modèle agricole «sans issue» pour les agriculteurs, agricultrices et la société dans son ensemble… Les arguments des opposant · es sont nombreux mais n’ont pas suffit pour convaincre. En décembre 2013, le tribunal administratif rejette définitivement tous les recours déposés. Le collectif «Tant qu’il y aura des bouilles», qui occupe le terrain depuis octobre 2013, devient alors la dernière barrière au projet. Expulsé plusieurs fois, les militant·es reviennent toujours mais sont maintenu·es à distance des travaux par les forces de l’ordre.

SIVENS

Lisle sur Tarn (81), octobre 2014. Depuis la mi-septembre la zone humide du Testet est défrichée en vue de la construction d’une retenue d’eau sur le Tescou visant à répondre aux problèmes de sécheresse auxquels les agriculteurs et agricultrices de la région font face de plus en plus régulièrement. Depuis son lancement, le projet est très controversé. Destruction de la dernière zone humide du versant, projet coûteux et inadapté, le tout au profit d’un modèle agricole «sans issue» pour les agriculteurs, agricultrices et la société dans son ensemble…

Les arguments des opposant · es sont nombreux mais n’ont pas suffit pour convaincre. En décembre 2013, le tribunal administratif rejette définitivement tous les recours déposés. Le collectif «Tant qu’il y aura des bouilles», qui occupe le terrain depuis octobre 2013, devient alors la dernière barrière au projet. Expulsé plusieurs fois, les militant·es reviennent toujours mais sont maintenu·es à distance des travaux par les forces de l’ordre.

Enracinons la résistance​

Ce 25 octobre 2014 tou·tes les opposant·es au projet sont appelé·es à se rassembler sur le site. La semaine qui précède le rassemblement la ZAD se reremplie petit à petit. Signalétiques, fabrication des scènes, sécurisation des accès… En marge du défrichage qui se

poursuit sur la zone de chantier, tout le monde est à pied d’œuvre pour préparer la ZAD à accueillir les quelques milliers de personnes attendues. Craignant des dégradations, la préfecture fait évacuer le chantier et tous les engins le temps du week-end.

Enracinons la résistance

Ce 25 octobre 2014 tou·tes les opposant·es au projet sont appelé·es à se rassembler sur le site. La semaine qui précède le rassemblement la ZAD se reremplie petit à petit. Signalétiques, fabrication des scènes, sécurisation des accès… En marge du défrichage qui se

poursuit sur la zone de chantier, tout le monde est à pied d’œuvre pour préparer la ZAD à accueillir les quelques milliers de personnes attendues. Craignant des dégradations, la préfecture fait évacuer le chantier et tous les engins le temps du week-end.

25 Octobre

Conférences, concerts, débats… sur la ZAD le rassemblement se déroule comme prévu. Des têtes d’affiche tels que José Bové ou Jean-Luc Mélanchon sont présentes. Environ 2000 personnes sont réunies. Une marche est organisée sur la zone de travaux, vidée des engins de chantier. Banderoles à la main, une foule haute en couleur constituée de mi-litant·es, de personnes qui mettent pour la première fois le pied sur une ZAD et d’un troupeau de brebis arpente la zone sur laquelle les travaux ont commencé depuis un peu plus d’un mois. On découvre des arbres par terre ainsi que des espaces où le terrassement a déjà commencé. Le sol est desséché. Un désert. La zone où sont habituellement stockés les engins ressemble à une zone fortifiée, entourée d’un grillage et d’un semblant de douve. La scène est irréelle. Plus loin plusieurs escadrons de forces de l’ordre sont en faction, malgré les dires du préfet qui avait promis le contraire quelques jours auparavant. Cette présence serait justifiée par des dégradations lourdes effectuées par «un groupe d’une trentaine de personnes» sur un générateur et une cabane de chantier laissées sur place.
En fin d’après-midi la situation se tend et des affrontements éclatent entre un groupe de militant·es anarchistes et les gendarmes mobiles, alors que des militant·es pacifiques sont encore sur la zone.
Le désert se transforme en zone de guérilla. Les affrontements dureront jusque dans la nuit, pendant que sur la ZAD, les gens dansent.

Aux alentours de 2h du matin, le dimanche 26 octobre, une grenade offensive atteint Rémi Fraisse, un militant pacifiste, venu sur la ZAD à l’occasion du rassemblement et assistant aux affrontements. Il meurt sur le coup. L’autopsie confirmera que l’explosion d’une grenade offensive dans son dos est la cause du décès.

Manifestation hommage à Rémi Fraisse · Gaillac 26/10/2014

"Notre nom est rémi"

Paris, 29 octobre 2014. Un rassemblement en mémoire de Rémi Fraisse et pour l’abandon du projet de barrage à Sivens se tient place de l’Hôtel de Ville. Entre 200 et 300 personnes sont réunies. Sur les banderoles on peut lire «faisons barrage à l’horreur», «l’État tue», «Ils nous tuent pour leur profit, mort au barrage de Sivens».
Les CRS encerclent la place. Vers 21h la nasse se referme sur près de 150 personnes. A l’intérieur de la nasse, une proposition est lancée : refuser collectivement l’identification et donner comme nom celui du jeune homme décédé. A chacun·e de choisir en fonction de sa situation. Les Camilles (prénom d’emprun utilisé par les ZADistes depuis Notre Dame des Landes) deviennent alors les Rémis. Petit à petit les CRS sortent une à une les personnes de la nasse pour les placer dans un car et une dizaine de fourgons. Tout le monde sera emmené au commissariat Max Dormoy, parqué·e dans une cours extérieure. Un·e à un·e les manifestant·es sont interrogé·es pour identification. Les homonymes dont la véritable identité n’aura pu être vérifiée seront mis es en garde à vue, tandis que les autres sont libéré·es. Devant le commissariat un rassemblement de soutien se forme dans le calme. A chaque nouvelle libération on applaudit et on scande des slogans. Personne n’imaginait que cette manifestation se terminerait ici, à cette heure. Trois personnes seront finalement inculpées.

Le projet initial sera abandonné définitivement en décembre 2015. En juillet 2016 le tribunal administratif de Toulouse annulera les trois arrêtés fondateurs dur projet et notamment la déclaration d’utilité publique. L’État financera la réhabilitation du site visant à lui restituer son état d’avant les travaux en remettant notamment en place la terre qui avait été déplacée. Les travaux commenceront en août 2017. Diverses enquêtes sont ouvertes suite au décès de Rémi Fraisse. Les enquêtes et procédures judiciaires visant les gendarmes impliqués, le Préfet de police en charge et son Chef de cabinet se concluront, après plusieurs renvois en cassation, par un non-lieu.

Ballade en forêt, autour de la zone de travaux · Sivens 10/2014

à Rémi