Lisle sur Tarn (81), octobre 2014. Depuis la mi-septembre la zone humide du Testet est défrichée en vue de la construction d’une retenue d’eau sur le Tescou visant à répondre aux problèmes de sécheresse auxquels les agriculteurs et agricultrices de la région font face de plus en plus régulièrement. Depuis son lancement, le projet est très controversé. Destruction de la dernière zone humide du versant, projet coûteux et inadapté, le tout au profit d’un modèle agricole «sans issue» pour les agriculteurs, agricultrices et la société dans son ensemble… Les arguments des opposant·es sont nombreux mais n’ont pas suffit pour convaincre. En décembre 2013, le tribunal administratif rejette définitivement tous les recours déposés. Le collectif «Tant qu’il y aura des bouilles», qui occupe le terrain depuis octobre 2013 devient alors la dernière barrière au projet. Expulsé plusieurs fois, les militant·es reviennent toujours mais sont maintenu·es à distance des travaux par les forces de l’ordre.
Le week-end du 25 et 26 octobre un grand rassemblement festif est organisé sur la « Zone A Défendre » (ZAD). Environ 2000 personnes, dont des têtes d’affiche tels que José Bové ou Jean-Luc Mélenchon, sont réunies autour de conférences, débats, concerts… Une marche est organisée sur la zone de travaux, vidée des engins de chantier. En fin d’après-midi, alors que des militant·es pacifiques sont encore sur la zone, la situation se tend et des affrontements éclatent entre un groupe de militant·es anarchistes et les forces de l’ordre présentes sur place.
Aux alentours de 2h00 du matin, le dimanche 26 octobre, une grenade offensive atteint Rémi Fraisse, un militant non-violent, venu sur la ZAD à l’occasion du rassemblement. Il meurt sur le coup. L’autopsie confirmera que l’explosion d’une grenade offensive dans son dos est la cause du décès.
Le projet initial sera abandonné définitivement en décembre 2015. En juillet 2016 le tribunal administratif de Toulouse annulera les trois arrêtés fondateurs du projet et notamment la déclaration d’utilité publique. L’État financera la réhabilitation du site visant à lui restituer son état d’avant les travaux en remettant notamment en place la terre qui avait été déplacée. Diverses enquêtes sont ouvertes suite au décès de Rémi Fraisse. Les enquêtes et procédures judiciaires visant les gendarmes impliqués, le préfet de police en charge et son chef de cabinet se concluront, après plusieurs renvois en cassation, par un non-lieu.
Cette série est extraite d’un reportage à paraître, revenant sur les évènements de cette semaine tragique d’octobre 2014 et des mobilisations qui ont suivi à Paris. Suivez nous pour avoir la suite !